Hé Doc, mon nom tu le connais pas ?
L'Ultra Raid de la Meije 2021Préambule : Lors d'une banale sortie vélo en 2020, je roule avec mon copain Stéphane Urbain du club Gauriac VTT (nous sommes voisins).
- "T'as déjà fait la Meije toi Stéph ?"
- "ah non mais ça fait des années que ça me chauffe"
- "ah bah moi aussi..."
Quelques jours après je reçois un mail du genre "Bravo Eric, te voilà inscrit à l'URM 2020"
Quel con !
Covid oblige, l'édition est annulée en dernière minute et nos dossards sont reportés à cette année.
Moi ça m'arrange, en 2020 c'était l'arrivée du petit deuxième et les nuits étaient....compliquées.
Stéph lui était à peu près peinard en 2020 mais a eu sa troisième fille en juillet 2021...autant vous dire que sa prépa en ce moi de septembre était proche du néant.
La course : 5h50 je me pointe sur la ligne. J'ai eu le droit à un dossard prioritaire vis-à-vis des résultats à la Transvésubienne et en coupe de France. Plaque n°18, impec !
5h56 c'est le start !
Ca part direction le col du Lautaret puis du Galibier. Environ +1000m sur de la piste correctement roulante.
J'ai fait le choix de ne mettre que ma petite frontale de course à pied sur le casque.
C'était un bon choix car globalement il n'y avait pas de grandes difficultés et l'éclairage était suffisant.
Vers 7h10 le jour se lève !
Gavage total : mer de nuage sous 2000m, barre des écrins, Meije et sommets entre 3000m et 4000m qui sortent. Arrivée des premiers rayons de soleil !
Miam, c'est pour ça que j'aime le vélo moi !
Je passe au sommet du Galibier après un joli portage très raid en 5ème position.
Je roule un moment avec Cyril Gignoux que j'avais rencontré 7 ans auparavant lors d'une invitation pour une épreuve "off" : la Transbiking 05.
Dans la descente il me rattrape et me lâche de quelques dizaines de mètres.
Je ne suis pas trop réveillé ce matin mais vraiment, les cocos autour de moi savent tenir un guidon en montagne !
On repart alors pour une deuxième bosse de +1000m jusqu'au col de la Ponsonnière vers 2650m.
Le bas se fait sur un sentier pas évident, vient une portion de piste roulante puis un final absolument grandiose sur un sentier en balcon avec parfois beaucoup, beaucoup de gaz !
Prudence, faut surtout pas sortir de la trace.
Je monte au train, je passe 6ème au col à 20m d'un petit groupe de 3 dont Cyril.
Rebelotte, je fais une très vilaine descente.
C'était pourtant la seule que je connaissais.
Elle est difficile, bien défoncée, longue et quelques passages demandent de s'engager.
Bref, pas réveillé encore une fois, je n'ai pas le "flow" habituel et je sens que je perds du temps sur la première moitié.
J'arrive à me remobiliser sur la fin et le coup de guidon revient enfin !
Arrivée au ravito R3. Nous avons 40km/+2500m, ça fait 4h qu'on roule
Il faut maintenant rejoindre le col du Lautaret par le chemin du Roy.
Un pur délice de montagne, tout en balcon, superbe.
Lautaret, R4 je fais une première pose pour m'alimenter, quitter ma veste et mon chasuble.
On part direction les Ecrins.
Passage sous la montagne via un tunnel EDF de 3km de long ! Lampe obligatoire !
S'en suit une difficile remontée puis une superbe descente en épingles avec de belles marches jusqu'a rejoindre la route en Villars d'Arène et le Lautaret.
C'est la mi-course : 60km/+2950m environ....presque 6h de vélo déjà ! Je vous assure que j'ai pas trainé pourtant !
De ce point jusqu'au km80, on enchaine montées/descentes entre 1700m et 2200m. C'est usant mais toujours hyper joli et sympa à rouler.
Ravito R6, km80, je fais le plein.
La bosse qui suit nous conduira sur le superbe plateau d'Emparis.
Bordel !!!! Quelle bosse !
Tout en single, on prend presque +500m.
C'est très dur.
Je suis obligé de pousser par moment.
Mode zombie activé, je me dis qu'il faut avancer quoi qu'il arrive.
J'arrive en vrac au km90.
Ravito, je casse du saucisson.
On plonge alors vers Besse sur un sentier très rapide, avec de larges épingles. On avale 700m de D- à mach2, c'est du gavage.
En bas....ça va aussi être du gavage puisqu'on remonte pendant +1000m
Les 2/3 sont hyper roulants et heureusement.
Belle piste à gravel.
Le 8ème me rattrape.
Il est oxy aussi. On papotte un peu mais sur le haut de la piste, je vois qu'à l'arrière il y a des concurrents qui remontent.
Je me dis que c'est le moment de brûler les dernières cartouches.
Je mets tout ! Tapis !
Le copain saute assez vite.
Je n'ose pas trop me retourner et finalement les jambes répondent.
Je passe tout sur le vélo jusqu'au sommet à 2500m.
Derrière j'ai vraiment fait le trou.
A la dernière bascule, j'aperçois Cyril 50m devant.
Je pense que cette fois je vais pouvoir le passer dans la longue descente qui arrive.
Je lâche tout, tout, mais alors tout !
Le Oiz est en feu, les maxxis fondent dans le schiste, les disques Ashima atteignent le point de fusion, les marmottes se terrent et les vaches s'écartent du sentier telle la mer devant Moïse...
Rien n'y fera, il file plus vite que moi
Bordel de leçon de vélo !
Finalement, après une dernière petite bosse et une série d'escaliers en portage j'arrive sur la ligne.
7ème.
118km/+5500m en 10h40.
Je suis 3ème chez les master 29-39.
Je suis désossé complet.
Putain que c'était bon !
Du vélo comme j'aime, beau, technique, engagé, où il ne faut pas s'écouter, où tout peut arriver tant qu'on n'a pas passé la ligne !